Départ :

• Musubi-dachi : Position de départ, talons joints, pointes de pieds légèrement écartées.
• Annonce : Annonce du kata : « Meikyo ».
• Yoi : Transition vers Hachiji-dachi : pieds écartés de la largeur des épaules, pointes de pieds légèrement ouvertes, poings fermés devant les hanches.

1. Ryo goshi-kamae (両腰構え – Position des deux hanches) :

   • (1A) Déplacement et ouverture : Décaler le pied droit vers la droite tout en étendant les bras sur les côtés et en ouvrant les mains, paumes vers le ciel. Ce mouvement initie une expansion, une ouverture.
   • (1B) Mouvement circulaire ascendant : Les mains décrivent deux cercles ascendants devant le corps, comme si elles soulevaient une charge, tout en abaissant le bassin. Ce mouvement prépare la transition vers Kiba-dachi.
   • (1C) Kiba-dachi et croisement des poignets : S’installer en position Kiba-dachi (position du cavalier), jambes fléchies, genoux alignés avec les pieds, dos droit. Simultanément, abaisser les bras tendus devant le buste en croisant les poignets, le droit au-dessus du gauche.
   • (1D) Ryo goshi-kamae : Ramener les coudes vers l’arrière contre les flancs en fermant les poings. Les poings se retrouvent au-dessus des hanches, en posture Ryo goshi-kamae. Cette position est une garde, une préparation à l’action.

2. Joshin-kamae (淨心構え – Position de l’esprit purifié) :

   • (2A) Ouverture des mains et rapprochement : Toujours en Kiba-dachi, ouvrir les mains et les rapprocher devant l’abdomen, paumes vers le haut.
   • (2B) Élévation et jonction des auriculaires : Élever les mains en joignant les auriculaires, les paumes faisant face au visage.
   • (2C) Pivotement et abaissement : Écarter légèrement les coudes et abaisser les mains en pivotant les paumes vers l’intérieur. Cette position, Joshin-kamae, symbolise la purification de l’esprit.

3. Hidari gedan-barai (左下段払い – Balayage descendant gauche) : Ramener légèrement le pied gauche vers le pied droit, puis l’avancer à 45° vers la gauche pour se retrouver en Zenkutsu-dachi (position avant, jambe avant fléchie, jambe arrière tendue). Simultanément, exécuter un blocage descendant gauche (Gedan-barai) avec le bras gauche.

4. Migi chudan oï-zuki (右中段追い突き – Coup de poing direct moyen droit en avançant) : Avancer le pied droit en Zenkutsu-dachi, en portant un coup de poing direct droit au niveau moyen (Chudan Oï-zuki).

5. Migi gedan-barai (右下段払い – Balayage descendant droit) : En appui sur le pied gauche, glisser le pied droit vers la droite et pivoter le corps de 90° dans la même direction pour se retrouver en Zenkutsu-dachi. Simultanément, exécuter un blocage descendant droit (Gedan-barai) avec le bras droit.

6. Hidari chudan oï-zuki (左中段追い突き – Coup de poing direct moyen gauche en avançant) : Avancer le pied gauche en Zenkutsu-dachi, en portant un coup de poing direct gauche au niveau moyen (Chudan Oï-zuki).

7. Morote jo-uke (諸手杖受け – Double blocage contre le bâton) :

   • (7A) Préparation : Glisser le pied droit vers le pied gauche, pivoter la tête à 45° vers la gauche et armer les mains vers l’arrière, côté droit, les mains ouvertes, paumes vers le sol.
   • (7B) Transition : Glisser le pied droit en avant, devant le pied gauche, en abaissant la main droite en forme de cuillère devant soi et en élevant le coude gauche.
   • (7C) Blocage : S’installer en Kokutsu-dachi (position arrière, poids du corps sur la jambe arrière), élever la main droite au niveau de la taille et la main gauche au niveau du front pour effectuer un double blocage contre une attaque au bâton (Morote jo-uke).

8. Jo-zukami (杖掴み – Saisie du bâton) : En poussant sur le pied gauche, avancer le bassin et déplacer le centre de gravité vers la jambe droite en envoyant les deux poings vers le bas devant soi pour effectuer une saisie du bâton (Jo-zukami). Le poing droit est orienté vers l’avant, revers vers le haut, et l’intérieur du poing gauche repose contre l’abdomen, revers de poing vers le sol.

9. Volte-face : Pousser sur le pied droit et ramener le bassin vers l’arrière en le pivotant vers la gauche pour effectuer une volte-face (rotation de 180°) sans modifier la position des pieds. Les bras ne bougent pas, seuls les poings effectuent une rotation interne sur eux-mêmes.

10. Ryo goshi-kamae (両腰構え – Position des deux hanches) : Ce mouvement est identique au mouvement 1.

    • (10A) Déplacement et ouverture : Avancer puis décaler le pied droit vers la droite en étendant les bras sur les côtés et en ouvrant les mains.
    • (10B) Mouvement circulaire ascendant : Les mains décrivent deux cercles ascendants tout en abaissant le bassin.
    • (10C) Kiba-dachi et croisement des poignets : S’installer en Kiba-dachi en abaissant les bras tendus devant le buste, poignets croisés (droit au-dessus du gauche).
    • (10D) Ryo goshi-kamae : Ramener les coudes vers l’arrière contre les flancs en fermant les poings.

L’intérêt pédagogique du kata Meikyo est multiple et touche à plusieurs aspects du développement du karatéka. Voici une synthèse des points importants :

• Développement de la coordination et de l’équilibre (Tai Sabaki) : Meikyo sollicite fortement la coordination et l’équilibre grâce à ses nombreux déplacements, pivots et changements de direction. Les mouvements 1, 5, 9, 13, 17, 21, 25, 27, 28, et 31, avec leurs pivots et glissements, obligent le pratiquant à ajuster constamment son centre de gravité. Le Sankaku-tobi (mouvement 32) est un excellent exemple de coordination complexe et d’exigence en matière d’équilibre.

• Maîtrise des positions (Kamae) et des transitions : Le kata met l’accent sur la transition entre différentes positions, notamment Kiba-dachi, Zenkutsu-dachi et Kokutsu-dachi. Les mouvements 1, 3, 5, 7, 10, 11, 13, 15, 18, 19, 21, 23, 25, 27, 28, 29, 31 et 33 illustrent ces changements constants, ce qui améliore la stabilité et la fluidité. La maîtrise des positions de base est essentielle pour l’efficacité des techniques.

• Amélioration de la compréhension des principes du Budo : Meikyo enseigne des principes tels que l’adaptation, la fluidité et la maîtrise de soi. La fluidité est visible dans les mouvements circulaires des bras au début (mouvement 1 et 10) et dans les transitions entre les techniques. L’adaptation est mise en évidence par les changements de direction et les réponses aux attaques imaginaires.

• Approfondissement des techniques de base (Kihon) : Le kata permet de perfectionner les techniques de base (Gedan-barai, Oï-zuki, Age-uke, Uchi-ude-uke, Shuto-uke, Tettsui-uchi, etc.) en les intégrant dans des enchaînements complexes. Les mouvements 3, 4, 5, 6, 11, 12, 13, 14, 19, 20, 21, 22, 23, 26, 27, 31, 33 et 34 sont des exemples d’application des Kihon dans un contexte dynamique.

• Développement de la concentration et de la clarté mentale : La nature fluide et continue du kata, avec ses nombreuses techniques et ses changements de direction, exige une grande concentration et une clarté d’esprit. La posture Joshin-kamae (mouvement 2) symbolise d’ailleurs cette recherche de la clarté mentale.

• Préparation aux applications pratiques (Bunkai) : L’étude des applications pratiques de Meikyo permet de comprendre le sens caché des mouvements et leur utilité en situation réelle. Par exemple, les Morote jo-uke (mouvements 7 et 15) et Jo-zukami (mouvements 8 et 16) enseignent des techniques de défense et de saisie contre une attaque au bâton. De même, le Kakiwake-uke (mouvements 25 et 28) montre comment écarter une double attaque.

• Travail du rythme et de la variation d’intensité : Meikyo alterne des mouvements lents et contrôlés (comme l’introduction et les Joshin-kamae) avec des phases plus dynamiques (comme les enchaînements de blocages et de coups de poing et le Sankaku-tobi). Cette variation d’intensité est importante pour simuler les changements de rythme d’un combat réel.

• Développement du Metsuke (regard) : Bien que non explicitement décrit dans chaque mouvement, le Metsuke est essentiel dans Meikyo. Le regard doit anticiper les mouvements de l’adversaire imaginaire, maintenir la concentration et accompagner les changements de direction.

• Techniques spécifiques : Le Mikazuki-geri (mouvement 24) et le Sankaku-tobi (mouvement 32) sont des techniques plus avancées qui développent la souplesse, la puissance et la coordination. Le Sankaku-tobi, en particulier, est une technique rare et distinctive de ce kata.

En résumé, Meikyo est un kata complet qui travaille de nombreux aspects importants du karaté : technique, physique et mental. Son étude approfondie permet au pratiquant de progresser sur la voie du Budo.

En conclusion, l’étude du kata Meikyo, tel que vous le pratiquez, offre une expérience d’apprentissage riche et multidimensionnelle. On peut en tirer les conclusions suivantes :

• Un kata complet et exigeant : Meikyo est un kata qui sollicite l’ensemble du corps et de l’esprit. Il requiert une bonne maîtrise des techniques de base, une coordination précise, un sens de l’équilibre développé et une concentration soutenue. Il ne s’agit pas seulement d’une succession de mouvements, mais d’une véritable chorégraphie martiale qui met en scène des principes fondamentaux.

• Un outil pédagogique précieux : Meikyo permet de perfectionner les techniques de base en les intégrant dans des enchaînements complexes et dynamiques. Il enseigne des principes importants tels que l’adaptation, la fluidité, la maîtrise de soi et la clarté mentale. L’étude des Bunkai (applications pratiques) permet de donner du sens aux mouvements et de comprendre leur utilité en situation réelle.

• Une dimension spirituelle : Le nom même du kata, « miroir clair », évoque la recherche d’un esprit calme et concentré. La posture Joshin-kamae renforce cette dimension en symbolisant la purification de l’esprit. La pratique de Meikyo peut ainsi être considérée comme une forme de méditation en mouvement.

• Des techniques spécifiques et avancées : Le Mikazuki-geri et le Sankaku-tobi sont des techniques qui distinguent Meikyo des autres katas. Elles témoignent d’une recherche de complexité et d’efficacité. Le Sankaku-tobi, en particulier, est une technique spectaculaire qui demande une grande maîtrise et un bon timing.

• Un héritage à préserver : Bien que son origine exacte soit incertaine et qu’il ne figure pas parmi les 26 katas officiels du Shotokan tels que définis par Funakoshi dans le Karaté Do Kyohan, Meikyo est un kata important dans de nombreuses lignées. Il représente un héritage précieux qu’il convient de préserver et de transmettre. Il témoigne de la richesse et de la diversité du karaté Shotokan.