Ji'in : Temple sacré

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Kata : Kanazawa, Ohta

Bunkai : Video1

Ji’in

Introduction

Le kata Ji’in est un kata supérieur du style Shotokan, appartenant au groupe des katas dits « du temple » avec Jion et Jitte. Ces trois katas partagent des origines communes et présentent des similitudes techniques notables. Ji’in est caractérisé par des déplacements rapides, des changements de direction fluides et une alternance de techniques d’attaque et de défense exécutées avec puissance et précision. Il requiert une bonne maîtrise de l’équilibre et une coordination précise des mouvements.

Signification et origine

  • Signification : Plusieurs interprétations existent, mais la plus courante est « Amour du Bouddha », « Temple de l’amour bouddhique », ou encore « Sceau de l’amour ». « Ji » peut se traduire par « temple », « amour », « compassion » ou « bonté », tandis que « in » signifie « sceau » ou « ombre ». L’ensemble évoque une notion de paix, de sérénité et de respect.
  • Origine : L’origine de Ji’in, comme pour Jion et Jitte, est liée aux arts martiaux pratiqués dans les temples bouddhistes, probablement en Chine, avant d’être transmis à Okinawa puis au Japon. Le nom Ji’in ferait référence à un temple bouddhiste chinois nommé Jion-ji. Ces katas auraient été influencés par des styles de boxe chinoise, ce qui explique certaines postures et techniques spécifiques, notamment la position de départ (Jiai-gamae) qui rappelle le salut utilisé dans certaines boxes chinoises. Cette position, avec le poing droit dans la main gauche à hauteur du menton, symboliserait « la rencontre du soleil et de la lune » (le Yin et le Yang). On retrouve cette position dans d’autres katas, tel que Heian Yodan.

Caractéristiques techniques

  • Nombre de mouvements : le kata comporte 32 mouvements pour une durée d’exécution d’environ 1 minute.
  • Déplacements rapides et changements de direction : Le kata met l’accent sur l’agilité et la capacité à changer rapidement de position et d’orientation, ce qui nécessite une bonne maîtrise de l’équilibre et du tai sabaki (gestion du corps).
  • Techniques variées : Ji’in inclut une variété de techniques de poing (tsuki), de blocage (uke), de frappe avec les mains ouvertes (shuto uke, haishu uke) et des coups de pied (geri), exécutées avec puissance et précision.
  • Rythme et fluidité : L’exécution du kata doit être fluide et rythmée, avec une alternance harmonieuse entre les mouvements rapides et les phases plus statiques.
  • Kiai : Le kata comporte deux kiai, soulignant des moments clés.
  • Embusen: le tracé au sol du kata Ji’in est rectiligne, contrairement à Jion qui est cruciforme.

Déroulement détaillé du kata

Voici une description détaillée des mouvements 1 à 10 du kata Ji’in, basée sur ta version :

Position de départ :

  • Salutation : Musubi-dachi (pieds joints, talons rapprochés, pointes légèrement écartées).
  • Annonce : « Ji’in ».
  • Yoi (préparation) : Heisoku-dachi (pieds joints), bras fléchis, mains jointes à hauteur du menton, main gauche ouverte recouvrant le poing droit fermé (Jiai-gamae, posture de bienveillance).

Mouvements 1 à 10 :

  1. Kosa-uke (Blocage croisé) :

    • Reculer le pied gauche.
    • Armer le poing droit à l’épaule gauche, bras gauche tendu devant.
    • Avancer en zenkutsu-dachi (position avant, jambe avant fléchie, jambe arrière tendue) tout en exécutant un kosa-uke : blocage intérieur-extérieur gauche chudan (uchi-ude-uke) et blocage descendant droit gedan-barai simultanément.

  2. Manji-uke (Blocage en croix) :

    • (2A) Tourner la tête vers la gauche, décaler le pied gauche vers la gauche en armant le poing gauche à l’épaule droite et en étendant le bras droit devant.
    • (2B) Passer en kokutsu-dachi (position arrière, poids du corps sur la jambe arrière fléchie) et exécuter un manji-uke : blocage intérieur-extérieur droit jodan (niveau haut) derrière et un blocage descendant gauche gedan-barai devant.

  3. Manji-uke (Blocage en croix) :

    • (3A) Tourner la tête vers la droite en armant le poing droit à l’épaule gauche et en étendant le bras gauche devant.
    • (3B) Pivoter le bassin à 90° vers la droite et passer en kokutsu-dachi dans la direction opposée, exécuter un manji-uke : blocage intérieur-extérieur gauche jodan derrière et un blocage descendant droit gedan-barai devant.

  4. Hidari jodan age-uke (Blocage ascendant gauche niveau haut) :

    • (4A) Tourner la tête vers la gauche, ramener le pied gauche vers le pied droit et armer le poing gauche à la hanche gauche, bras droit tendu en oblique vers la gauche.
    • (4B) Avancer le pied gauche en zenkutsu-dachi à 45° vers la gauche et exécuter un blocage ascendant gauche jodan (age-uke).

  5. Migi chudan oï-zuki (Coup de poing direct droit niveau moyen) :

    • Avancer le pied droit en zenkutsu-dachi et porter un coup de poing direct droit chudan (oï-zuki).

  6. Migi jodan age-uke (Blocage ascendant droit niveau haut) :

    • (6A) Tourner la tête vers la droite, ramener le pied droit vers le pied gauche avant de l’avancer en oblique vers la droite. Pivoter le bassin dans la même direction et armer le poing droit à la hanche droite, bras gauche tendu en oblique vers la gauche.
    • (6B) Avancer le pied droit en zenkutsu-dachi et exécuter un blocage ascendant droit jodan (age-uke).

  7. Hidari chudan oï-zuki (Coup de poing direct gauche niveau moyen) :

    • Avancer le pied gauche en zenkutsu-dachi et porter un coup de poing direct gauche chudan (oï-zuki).

  8. Hidari gedan-barai (Blocage descendant gauche) :

    • Décaler le pied gauche vers la gauche en pivotant de 45° dans la même direction pour passer en zenkutsu-dachi, et exécuter un blocage descendant gauche gedan-barai.

  9. Migi chudan shuto-uchi (Coup du tranchant de la main droite niveau moyen) :

    • Avancer le pied droit en kiba-dachi (position du cavalier, jambes écartées, genoux fléchis) et porter un coup du tranchant de la main droite chudan (shuto-uchi).

  10. Hidari chudan shuto-uchi (Coup du tranchant de la main gauche niveau moyen) :

    • Maintenir le bras droit tendu, avancer le pied gauche en kiba-dachi et porter un coup du tranchant de la main gauche chudan (shuto-uchi).
  1. Migi chudan shuto-uchi (Coup du tranchant de la main droite niveau moyen) :
    • Maintenir le bras gauche tendu.
    • Avancer le pied droit en kiba-dachi.
    • Porter un coup du tranchant de la main droite chudan (shuto-uchi).
  • KIAI !!! (cri martial puissant, généralement court et explosif).

  1. Chudan kakiwake-uke (Blocage séparateur niveau moyen) :

    • (12A) Rapprocher le pied gauche du pied droit, puis l’envoyer en oblique vers l’arrière en pivotant le bassin à 45° vers la gauche. Joindre les avant-bras devant la ceinture en les croisant au niveau des poignets (poing droit au-dessus, revers des poings vers le bas).
    • (12B) Avancer le pied gauche en zenkutsu-dachi et élever les avant-bras à hauteur de poitrine en écartant les poings pour effectuer un kakiwake-uke.

  2. Migi mae-geri (Coup de pied frontal droit) :

    • Sans modifier la position des bras (restée du kakiwake-uke), porter un coup de pied frontal droit (mae-geri).

  3. Migi chudan oï-zuki (Coup de poing direct droit niveau moyen) :

    • Reposer le pied droit en zenkutsu-dachi et porter un coup de poing direct droit chudan (oï-zuki).

  4. Hidari chudan gyaku-zuki (Coup de poing inversé gauche niveau moyen) :

    • En restant en zenkutsu-dachi, porter un coup de poing inversé gauche chudan (gyaku-zuki).

  5. Kosa-uke (Blocage croisé) :

    • Rester en zenkutsu-dachi.
    • Armer le poing gauche à l’épaule droite, bras droit tendu devant.
    • Exécuter un kosa-uke : blocage intérieur-extérieur droit chudan (uchi-ude-uke) et blocage descendant gauche gedan-barai simultanément.

  6. Chudan kakiwake-uke (Blocage séparateur niveau moyen) :

    • (17A) Rapprocher le pied droit du pied gauche en suivant une trajectoire circulaire, puis le décaler vers la droite en pivotant le bassin à 90° vers la droite. Joindre les avant-bras devant la ceinture en les croisant (poing gauche au-dessus, revers des poings vers le bas).
    • (17B) Avancer le pied droit en zenkutsu-dachi et élever les avant-bras à hauteur de poitrine en écartant les poings pour effectuer un kakiwake-uke.

  7. Hidari mae-geri (Coup de pied frontal gauche) :

    • Sans modifier la position des bras, porter un coup de pied frontal gauche (mae-geri).

  8. Hidari chudan oï-zuki (Coup de poing direct gauche niveau moyen) :

    • Reposer le pied gauche en zenkutsu-dachi et porter un coup de poing direct gauche chudan (oï-zuki).

  9. Migi chudan gyaku-zuki (Coup de poing inversé droit niveau moyen) :

    • En restant en zenkutsu-dachi, porter un coup de poing inversé droit chudan (gyaku-zuki).

  1. Kosa-uke (Blocage croisé) :

    • Rester en zenkutsu-dachi.
    • Armer le poing droit à l’épaule gauche, bras gauche tendu devant.
    • Exécuter un kosa-uke : blocage intérieur-extérieur gauche chudan (uchi-ude-uke) et blocage descendant droit gedan-barai simultanément.

  2. Migi chudan tettsui-uchi (Coup de poing marteau droit niveau moyen) :

    • (22A) Rapprocher le pied droit du pied gauche et pivoter le bassin vers la droite en élevant le poing gauche vers l’épaule droite et en envoyant le bras droit vers le bas à gauche.
    • (22B) Passer en kiba-dachi et exécuter un tettsui-uchi droit chudan.

  3. Hidari chudan tettsui-uchi (Coup de poing marteau gauche niveau moyen) :

    • (23A) Tourner la tête vers la gauche, reculer le pied gauche derrière le pied droit, pivoter le bassin vers la gauche. Envoyer le poing gauche vers le flanc droit et passer le bras droit devant la poitrine, par-dessus le bras gauche.
    • (23B) Terminer la rotation à 180° vers la gauche pour passer en kiba-dachi et exécuter un tettsui-uchi gauche chudan.

  4. Migi chudan tettsui-uchi (Coup de poing marteau droit niveau moyen) :

    • (24A) Rapprocher le pied droit du pied gauche et pivoter le bassin vers la droite en envoyant le poing droit vers le flanc gauche, sous le bras gauche (resté dans la position précédente).
    • (24B) Terminer la rotation à 180° vers la droite pour passer en kiba-dachi et exécuter un tettsui-uchi droit chudan.

  5. Hidari chudan tate shuto-uke (Blocage du tranchant de la main gauche vertical niveau moyen) :

    • (25A) Ramener le pied gauche vers le pied droit et l’avancer en oblique à 45° vers la gauche, en envoyant le poing droit dans la même direction et en passant la main gauche ouverte sous le bras droit vers le flanc droit.
    • (25B) Passer en kiba-dachi et exécuter un tate shuto-uke gauche chudan.

  6. Migi chudan gyaku-zuki / Hidari chudan-zuki (Coup de poing inversé droit / Coup de poing direct gauche niveau moyen) :

    • Rester en zenkutsu-dachi.
    • Exécuter un gyaku-zuki droit chudan, suivi immédiatement d’un chudan-zuki gauche.

  7. Migi mae-geri / Migi chudan gyaku-zuki (Coup de pied frontal droit / Coup de poing inversé droit niveau moyen) :

    • Sans modifier la position des bras, porter un mae-geri droit.
    • Reposer le pied droit derrière en zenkutsu-dachi et exécuter un gyaku-zuki droit chudan.

  8. Kosa-uke (Blocage croisé) :

    • Rester en zenkutsu-dachi.
    • Armer le poing droit à l’épaule gauche, bras gauche tendu devant.
    • Exécuter un kosa-uke : blocage intérieur-extérieur gauche chudan (uchi-ude-uke) et blocage descendant droit gedan-barai simultanément.

  9. Kosa-uke (Blocage croisé) :

    • Reculer le pied gauche en le passant devant le pied droit, pivoter le bassin vers la gauche en élevant le poing gauche à l’épaule droite, bras droit tendu devant.
    • Reposer le pied gauche à 180° de sa position initiale en kiba-dachi.
    • Simultanément, exécuter un kosa-uke : blocage intérieur-extérieur droit chudan (uchi-ude-uke) et blocage descendant gauche gedan-barai.

  10. Morote gedan-barai (Double blocage descendant) :

    • Rester en kiba-dachi et, sans modifier la position du bras gauche, abaisser l’avant-bras droit pour exécuter un gedan-barai avec les deux bras.

  1. Morote chudan uchi-ude-uke (Double blocage intérieur-extérieur niveau moyen) :

    • Sans déplacer les coudes (positionnés pour le gedan-barai précédent), ramener les avant-bras vers l’intérieur et vers le haut de façon à ce qu’ils se croisent sur la poitrine, avant de réaliser un double blocage intérieur-extérieur1 chudan (uchi-ude-uke). Les poings sont orientés vers le haut.

  2. Hidari jodan-zuki / Migi chudan-zuki (Coup de poing direct gauche niveau haut / Coup de poing direct droit niveau moyen) :

    • Toujours en kiba-dachi, enchaîner immédiatement un coup de poing direct gauche jodan (niveau haut), suivi d’un coup de poing direct droit chudan (niveau moyen).
  • KIAI !!! (cri martial puissant).

Fin du kata :

  • Yame (arrêt) : Ramener le pied gauche contre le pied droit en heisoku-dachi, en élevant le poing droit et la main gauche devant à hauteur du menton. Envelopper le poing droit avec la paume de la main gauche ouverte (retour à la position de Jiai-gamae).
  • Salutation : Joindre les pieds en musubi-dachi et saluer (Rei).

Intérêt pédagogique

  • Développement de l’équilibre et de la coordination : Les nombreux déplacements et changements de direction contribuent à améliorer l’équilibre et la coordination des mouvements.
  • Maîtrise des techniques de base : Ji’in permet de perfectionner l’exécution des techniques fondamentales du karaté (coups de poing, blocages, coups de pied).
  • Compréhension des principes du budo : L’étude de ce kata permet d’approfondir la compréhension des principes du budo, tels que la gestion de la distance (maai), le timing (hyoshi) et l’adaptation à l’adversaire.
  • Aspect mental : L’apprentissage et la mémorisation du kata sollicitent la concentration, la mémoire et la discipline mentale.

Conclusion

Ji’in est un kata supérieur du style Shotokan, appartenant au groupe des katas dits « du temple » avec Jion et Jitte. Il se caractérise par :

  • Une origine possible dans les arts martiaux des temples bouddhistes : Son nom et sa position de départ (Jiai-gamae) évoquent des influences chinoises et une symbolique spirituelle.
  • Des déplacements rapides et des changements de direction : Il met l’accent sur l’agilité, la mobilité et la capacité à s’adapter à différentes situations.
  • Une variété de techniques : Il inclut des blocages (uke), des coups de poing (tsuki, tettsui-uchi), des coups de pied (mae-geri) et des techniques de main ouverte (shuto-uchi, kakiwake-uke, tate shuto-uke), ce qui en fait un kata complet.
  • Un rythme et une fluidité importants : L’exécution doit être harmonieuse, avec une coordination précise entre les mouvements.
  • Un travail sur l’équilibre et la coordination : Les nombreuses transitions et les changements de position sollicitent l’équilibre et la coordination du pratiquant.

Intérêts de l’étude de Ji’in :

  • Perfectionnement technique : Ji’in permet d’améliorer la maîtrise des techniques de base du karaté et d’en explorer des variations plus complexes.
  • Développement physique : Il contribue au développement de la force, de l’endurance, de la souplesse, de l’équilibre et de la coordination.
  • Approfondissement mental : L’apprentissage et la mémorisation du kata sollicitent la concentration, la mémoire et la discipline mentale.
  • Dimension spirituelle et culturelle : Son histoire et ses liens avec les traditions bouddhistes apportent une dimension culturelle et spirituelle à sa pratique.

Ouverture et perspectives :

  • Bunkai : L’étude approfondie du bunkai de Ji’in est essentielle pour comprendre le sens réel des mouvements et leur application en combat réel. Chaque mouvement peut avoir plusieurs interprétations et applications, ce qui enrichit considérablement l’étude du kata.
  • Comparaison avec Jion et Jitte : Comparer Ji’in avec les deux autres katas du groupe (Jion et Jitte) permet de mettre en évidence les similitudes et les différences, et d’approfondir la compréhension de leurs origines communes.