Wankan

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Kata : KanazawaEnoeda

Bunkai : Lavorato

Wankan (王冠) : Couronne du Roi

Introduction

Wankan est l’un des katas supérieurs du karaté Shotokan, souvent considéré comme l’un des plus courts. Malgré sa brièveté, il recèle une grande richesse technique et une complexité qui en font un kata avancé, requis pour l’obtention de grades élevés (notamment le 5e dan). Son exécution demande une grande maîtrise des principes fondamentaux du karaté et une compréhension profonde de ses applications martiales.

Signification et origine

  • Signification: Comme mentionné précédemment, Wankan signifie « Couronne du Roi ». Cette appellation pourrait provenir de la forme que dessinent les quatre premiers mouvements du kata, évoquant une couronne.
  • Origine: L’origine exacte de Wankan est incertaine. Certains pensent qu’il pourrait provenir d’un style de karaté antérieur au Shotokan, possiblement du Tomari-te. L’adaptation de ce kata au Shotokan n’aurait peut-être jamais été complètement finalisée, possiblement en raison du décès prématuré de Yoshitaka Funakoshi (Gigo), fils de Gichin Funakoshi. Cette hypothèse expliquerait sa relative brièveté et certaines particularités techniques.

Caractéristiques techniques

  • Nombre de mouvements : Le kata comporte 16 mouvements, pour une durée d’exécution d’environ 45 secondes.
  • Brièveté: C’est l’un des katas les plus courts du Shotokan, ce qui ne diminue en rien sa complexité.
  • Départ diagonal: Wankan est le seul kata Shotokan qui commence en diagonale.
  • Techniques variées: On y retrouve des techniques de blocages (uke), d’attaques (zuki), des positions spécifiques (dachi) comme Fudo-dachi, Hachiji-dachi, Kiba-dachi, Kokutsu-dachi, Musubi-dachi, Neko-ashi-dachi, Zenkutsu-dachi, ainsi que des techniques caractéristiques comme Kakiwake-uke, Hiza-gamae, Oï-zuki et Tate-shuto-uke.
  • Rythme et dynamisme: Malgré sa courte durée, Wankan exige une bonne gestion du rythme et une alternance entre mouvements rapides et plus lents, nécessitant une bonne coordination et une maîtrise du timing.

Déroulement détaillé du kata

Départ : Musubi-dachi

  • Annonce : « Wankan »
  • Yoi : Hachiji-dachi. Les poings sont devant les hanches.

1. Chudan kakiwake-uke (Blocage séparateur niveau moyen) :

  • (1A) : Tourner la tête vers la gauche et avancer le pied droit devant le pied gauche dans cette direction. Simultanément, lever les poings en les joignant devant la poitrine, revers des poings vers le haut, le poing droit étant plus proche du buste. Ce mouvement prépare l’ouverture du kakiwake.
  • (1B) : Sans modifier la position des bras, avancer le pied gauche selon un angle de 45° vers la gauche pour se retrouver en neko-ashi-dachi (position du chat). Le poids du corps est principalement sur la jambe arrière (droite).
  • (1C) : Terminer le mouvement des bras en exécutant un kakiwake-uke (blocage séparateur niveau moyen). Les bras s’écartent latéralement, les paumes des mains vers l’avant, comme pour écarter une attaque venant du centre.

2. Chudan kakiwake-uke (Blocage séparateur niveau moyen) :

  • (2A) : Sans changer la position des bras, tourner la tête vers la droite et avancer le pied gauche devant le pied droit dans cette direction.
  • (2B) : Avancer le pied droit selon un angle de 45° vers la droite pour se retrouver en neko-ashi-dachi (position du chat). Joindre les poings devant la poitrine comme en (1A), le poing gauche étant cette fois plus proche du buste.
  • (2C) : Terminer le mouvement des bras en exécutant un kakiwake-uke (blocage séparateur niveau moyen), symétrique au mouvement 1.

3. Muso-uke = Hasami-uke/Hiza-kamae (Blocage en ciseaux / Garde avec le genou levé) :

  • Tourner la tête vers la gauche pour regarder droit devant. Joindre les bras devant la poitrine pour effectuer un hasami-uke (blocage en ciseaux), les avant-bras se croisant. Simultanément, lever le genou droit devant, orteils vers le bas, en position hiza-kamae (garde avec le genou levé). Ce mouvement combine un blocage et une posture défensive.

4. Hidari chudan gyaku tate shuto-uke (Blocage vertical inversé du tranchant de la main gauche niveau moyen) :

  • (4A) : Sans modifier la position des bras issue du mouvement précédent, avancer le pied droit devant le pied gauche d’environ une longueur de pied.
  • (4B) : Avancer le pied gauche devant le pied droit d’environ une longueur de pied, toujours sans modifier la position des bras. Ces deux petits déplacements préparent l’entrée en zenkutsu-dachi.
  • (4C) : Avancer le pied droit devant le pied gauche et armer la main gauche vers le flanc droit du corps, préparant le blocage.
  • (4D) : Se placer en zenkutsu-dachi (position fente avant) tout en exécutant un gyaku tate shuto-uke (blocage vertical inversé du tranchant de la main gauche niveau moyen). Le bras gauche bloque avec le tranchant de la main, la paume vers le haut, tandis que le bras droit reste en position de garde.

5. Migi chudan jun-zuki / Hidari chudan gyaku-zuki (Coup de poing direct droit niveau moyen / Coup de poing inversé gauche niveau moyen) :

  • Sur place, en zenkutsu-dachi, exécuter un jun-zuki (coup de poing direct droit niveau moyen), suivi immédiatement d’un gyaku-zuki (coup de poing inversé gauche niveau moyen). C’est une combinaison rapide de deux coups de poing.

6. Koko hiza-kuzushi (Déséquilibre par poussée du genou) :

  • (6A) : Tourner la tête vers la gauche et avancer le pied gauche en pivotant le bassin vers la gauche pour se retrouver en neko-ashi-dachi. Simultanément, étendre le bras gauche vers la gauche en ouvrant la main.
  • (6B) : Ramener la main gauche vers l’abdomen pour effectuer un blocage « en cuillère » (comme pour attraper ou dévier une attaque), tout en abaissant la main droite pour exécuter un koko hiza-kuzushi, un déséquilibre par poussée sur le genou adverse (imaginaire). « Koko » signifie « gueule de tigre », ce qui peut évoquer la forme de la main lors de la poussée.

7. Hidari chudan gyaku tate shuto-uke (Blocage vertical inversé du tranchant de la main gauche niveau moyen) :

  • (7A) : Avancer le pied droit tout en étendant le bras droit devant, la main gauche restant près du flanc droit.
  • (7B) : Se placer en zenkutsu-dachi en exécutant un gyaku tate shuto-uke (blocage vertical inversé du tranchant de la main gauche niveau moyen), comme au mouvement 4.

8. Migi chudan jun-zuki / Hidari chudan gyaku-zuki (Coup de poing direct droit niveau moyen / Coup de poing inversé gauche niveau moyen) :

  • Sur place, en zenkutsu-dachi, exécuter un jun-zuki droit suivi d’un gyaku-zuki gauche, comme au mouvement 5.

9. Koko hiza-kuzushi (Déséquilibre par poussée du genou) :

  • (9A) : Tourner la tête vers la gauche et décaler le pied gauche vers l’arrière en pivotant le bassin de 180° vers la gauche pour se retrouver en neko-ashi-dachi. Simultanément, étendre la main gauche ouverte vers la gauche selon une trajectoire circulaire.
  • (9B) : Ramener la main gauche vers l’abdomen pour effectuer le blocage « en cuillère » et exécuter le koko hiza-kuzushi en poussant avec la main droite sur le genou adverse (imaginaire).

10. Hidari chudan gyaku tate shuto-uke (Blocage vertical inversé du tranchant de la main gauche niveau moyen) :

  • (10A) : Avancer le pied droit tout en étendant le bras droit devant, la main gauche restant près du flanc droit.
  • (10B) : Se placer en zenkutsu-dachi en exécutant un gyaku tate shuto-uke (blocage vertical inversé du tranchant de la main gauche niveau moyen), comme aux mouvements 4 et 7.

11. Migi chudan jun-zuki / Hidari chudan gyaku-zuki (Coup de poing direct droit niveau moyen / Coup de poing inversé gauche niveau moyen) :

  • Sur place, toujours en zenkutsu-dachi, exécuter un jun-zuki droit suivi d’un gyaku-zuki gauche, comme aux mouvements 5 et 8. Cette séquence renforce l’idée d’une application continue après le blocage.

12. Migi tettsui-uchi (Coup de poing marteau droit) :

  • Tourner la tête vers la droite et reculer le pied droit pour l’aligner sur le pied gauche, puis le décaler vers la droite pour se retrouver en kiba-dachi (position du cavalier). Simultanément, armer le poing droit sous l’aisselle gauche et envoyer le vers la droite pour porter un tettsui-uchi (coup de poing marteau droit). Ce mouvement puissant est souvent dirigé vers la tempe ou les côtes.

13. Hidari mae-geri / Hidari jun-zuki (Coup de pied frontal gauche / Coup de poing direct gauche) :

  • Pivoter le bassin vers la droite pour exécuter un mae-geri (coup de pied frontal fouetté gauche) dans la direction du coup de poing marteau précédent.
  • Reposer le pied gauche en zenkutsu-dachi en même temps que l’on porte un jun-zuki gauche. Cette combinaison pied-poing est rapide et efficace.

14. Migi mae-geri / Migi jun-zuki (Coup de pied frontal droit / Coup de poing direct droit) :

  • Enchaîner avec un mae-geri droit.
  • Reposer le pied droit en zenkutsu-dachi en même temps que l’on porte un jun-zuki droit. Mouvement symétrique au précédent.

15. Hidari mae-geri / Hidari jun-zuki (Coup de pied frontal gauche / Coup de poing direct gauche) :

  • Exécuter un dernier mae-geri gauche.
  • Reposer le pied gauche en zenkutsu-dachi en même temps que l’on porte un jun-zuki gauche. Cette répétition des mae-geri souligne l’importance du travail des jambes et de la coordination.

16. Yama-zuki (Coup de poing double en U) :

  • Tourner la tête vers la droite pour regarder dans la direction opposée (vers l’arrière). Décaler le pied droit de l’autre côté, vers l’arrière, pour se retrouver en fudo-dachi (position stable). Amener les deux poings à la hanche gauche.
  • Porter un yama-zuki (coup de poing double en U) devant. Le poing gauche vise le visage de l’adversaire et le poing droit vise l’abdomen. À l’arrivée de la technique, les deux poings doivent se trouver sur un axe vertical. Ce mouvement final est puissant et symbolique.

KIAÏ !!!

  • Le kiai est un cri énergétique qui marque la fin du kata et exprime la concentration et la détermination.

Yame (Fin) :

  • Reculer le pied gauche avant de le décaler vers la gauche pour l’aligner sur le pied droit en heisoku-dachi (position pieds joints).
  • Ramener les poings à hauteur des hanches.
  • Joindre les pieds en musubi-dachi et saluer (Rei).

Intérêt pédagogique

L’intérêt pédagogique du kata Wankan, malgré sa brièveté, est multiple et s’adresse aux pratiquants de différents niveaux, bien qu’il soit plus souvent associé aux grades avancés. 

1. Consolidation des bases (Kihon) :

  • Wankan, bien que court, contient des techniques fondamentales du karaté (kihon) telles que des blocages (uke), des coups de poing (zuki), des positions (dachi) variées (zenkutsu-dachi, neko-ashi-dachi, kiba-dachi, etc.). Sa pratique permet de réviser et de perfectionner ces bases en les intégrant dans un enchaînement plus complexe qu’un simple exercice de kihon.
  • L’exécution correcte du kata exige une bonne maîtrise de la posture, de l’équilibre, de la coordination et de la puissance, ce qui renforce les fondations techniques du karatéka.

2. Développement de la coordination et du rythme :

  • Wankan se caractérise par des transitions rapides entre les techniques et une alternance entre des mouvements lents et rapides. Cela sollicite fortement la coordination des mouvements du corps et le sens du rythme.
  • La fluidité et la précision des transitions sont essentielles dans Wankan, ce qui contribue à améliorer la maîtrise du corps dans l’espace et le timing des actions.

3. Compréhension des applications martiales (Bunkai) :

  • L’étude des bunkai (applications martiales) de Wankan permet de donner un sens concret aux mouvements du kata. Derrière chaque technique se cache une application potentielle en combat réel (self-défense).
  • L’analyse des bunkai permet de comprendre les principes biomécaniques et tactiques qui sous-tendent les techniques, et de développer la capacité à adapter ces techniques à différentes situations. Par exemple, les koko hiza-kuzushi peuvent être interprétés comme des déséquilibres suivis de contrôles ou de projections.

4. Préparation aux grades supérieurs :

  • Wankan est souvent un kata requis pour l’obtention de grades élevés (notamment le 5e dan en Shotokan). Sa maîtrise témoigne d’un niveau technique et d’une compréhension du karaté plus avancés.
  • L’étude de Wankan prépare le karatéka à aborder des katas encore plus complexes et à approfondir sa compréhension des principes martiaux.

5. Aspects spécifiques de Wankan :

  • Départ diagonal : Le départ en diagonale est unique dans les katas Shotokan et offre une perspective différente sur l’engagement et le déplacement.
  • Techniques variées : La présence de techniques spécifiques comme le kakiwake-uke, le hasami-uke, le tate-shuto-uke et le koko hiza-kuzushi enrichit le répertoire technique du karatéka et lui permet d’explorer différentes formes de blocages, d’attaques et de déséquilibres.
  • Brièveté et intensité : La courte durée de Wankan exige une grande intensité et une concentration maximale pour exécuter les mouvements avec précision et puissance.

Conclusion

Plusieurs conclusions peuvent être tirées de l’étude et de la pratique du kata Wankan, en tenant compte de sa structure, de son histoire et de ses caractéristiques techniques :

1. Un kata condensé et riche :

  • Malgré sa brièveté (c’est l’un des katas les plus courts du Shotokan), Wankan recèle une grande richesse technique. Chaque mouvement est significatif et porteur d’applications martiales potentielles. Cette concision oblige le pratiquant à une grande précision et à une maîtrise parfaite de chaque détail.
  • Cette concentration de techniques fondamentales en fait un excellent outil pour réviser et perfectionner les bases du karaté.

2. Un héritage potentiellement inachevé :

  • Certains experts pensent que la transition de Wankan vers le Shotokan n’a peut-être jamais été complètement finalisée, possiblement en raison du décès prématuré de Yoshitaka Funakoshi. Cette hypothèse expliquerait sa brièveté et certaines particularités techniques qui le distinguent des autres katas Shotokan.
  • Cette idée renforce l’importance de l’étude approfondie des bunkai pour comprendre pleinement le sens des mouvements et reconstituer les intentions martiales d’origine.

3. Un kata axé sur la fluidité et le déséquilibre :

  • Wankan met l’accent sur la fluidité des mouvements et les transitions rapides, ce qui contraste avec certains katas Shotokan plus axés sur la puissance brute.
  • Les techniques de déséquilibre (koko hiza-kuzushi) jouent un rôle central dans Wankan, suggérant une approche martiale basée sur le contrôle de l’équilibre de l’adversaire plutôt que sur la force pure.

4. Un défi pour les pratiquants avancés :

  • Bien que les mouvements de Wankan ne soient pas intrinsèquement très difficiles, leur exécution correcte et leur compréhension profonde exigent un niveau de maîtrise technique et une expérience martiale significatifs.
  • Wankan est souvent considéré comme un kata avancé, requis pour les grades supérieurs, car il met à l’épreuve la capacité du pratiquant à coordonner les mouvements, à gérer le rythme et à comprendre les applications martiales.

5. Une invitation à la réflexion et à l’exploration :

  • L’étude de Wankan invite à une réflexion sur l’origine et l’évolution des katas, ainsi que sur les différentes interprétations possibles des techniques.
  • Ses bunkai parfois complexes et sujets à interprétation encouragent l’exploration et la recherche de nouvelles applications martiales.

En conclusion générale sur Wankan :

Wankan est un kata unique dans le Shotokan, tant par sa brièveté que par ses spécificités techniques. Il offre une excellente opportunité de :

  • Perfectionner les bases : Consolider les techniques fondamentales du karaté.
  • Développer la coordination et le rythme : Améliorer la fluidité et le timing des mouvements.
  • Approfondir la compréhension des applications martiales : Étudier les bunkai et explorer les différentes interprétations.
  • Préparer les grades supérieurs : Atteindre un niveau de maîtrise technique et de compréhension du karaté plus avancés.

Wankan est donc bien plus qu’un simple enchaînement de mouvements. C’est un outil pédagogique précieux pour les karatékas de tous niveaux, et plus particulièrement pour ceux qui cherchent à approfondir leur compréhension de l’art martial. Sa nature concise et ses aspects techniques particuliers en font un sujet d’étude et de pratique stimulant et enrichissant.